Le Bénin l'a fait !

Rédigé le 12/09/2023
Pierre Fieux


Lorsque le Bénin, par la bouche de ses dirigeants ou de ses coachs, disait qu'il attendait de ces championnats du monde de pétanque au moins une médaille d'or, le monde de la pétanque, sans méchanceté aucune, esquissait un sourire. Malgré une deuxième place aux Mondiaux de 2016 et une préparation longue et sérieuse à ce qui se présentait comme un événement sportif majeur pour le pays, on accordait plutôt les faveurs du pronostic à la France, la Thaïlande, l'Espagne ou les pays du Maghreb.

C'est pourtant face à la France de Dylan Rocher et Audrey Bandiera, aujourd'hui, que la formidable paire béninoise Gbetable/Sambo s'est imposée à l'issue d'une finale haletante et disputée. On savait, depuis le choc des demi-finales face au Burkina Faso, que la doublette béninoise avait la capacité à tenir tête aux Français, mais on ne s'attendait pas à une telle envie, une telle maîtrise du jeu et à une telle science tactique. Des qualités qui disparaissaient parfois au fil d'une partie ou la France, d'abord bousculée, faisait parler son expérience avec une Bandiera extrêmement solide au point et un Rocher rageur, mais le Bénin savait à chaque fois rebondir et maintenir ses adversaires sous pression en faisant constamment la course en tête.

Au point de voir les Français manquer de façon inhabituelles les ouvertures qui se présentaient à eux, notamment à la huitième, neuvième et onzième mène, et choisir à la douzième, au lieu de tenter de casser la gagne, de proposer à Gbetable un carreau-gagné. Le jeune Béninois, saisissait l'offrande et faisait chavirer tout un peuple, offrant un premier titre mondial à son pays.

Une victoire qui est aussi, et surtout peut-être, celle d'un homme qui a vécu sur le bord du jeu le plus beau moment de sa vie : Guy Tronou, le Sorcier noir à qui Laima Sambo est venu baiser les pieds aussitôt après sa victoire, est le grand artisan de cet immense moment pour la pétanque béninoise, qu'il a su depuis une quinzaine d'années amener jusqu'aux plus hauts sommets. Des efforts payés au centuple.

 

Photo Stéphane PINTUS FIPJP