Cotonou, changement d'ère - Championnats du Monde de pétanque 2023 au Bénin

Rédigé le 18/09/2023
Pierre Fieux

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On ne s'y attendait pas. Après les multiples péripéties qui ont jalonné la candidature, puis la mise sur pied de ces 50èmes championnats du monde, beaucoup doutaient, en Europe et ailleurs, de la capacité du Bénin à organiser ces Mondiaux.

Boulodrome national devenu Arlésienne, tranchées encore béantes sur la place de l'Amazone début août, méfiance quant à à la sécurisation des championnats, craintes sur la météo pour un événement organisé en plein air, doutes sur la capacité des organisateurs à remplir les milliers de places en tribune, défection d'un grand nombre de pays importants : autant d'éléments qui faisaient craindre que ces championnats béninois ne soient un fiasco.

C'est tout le contraire qui s'est produit. Durant plus d'une semaine, on a assisté à une fête attendue depuis deux ans par tout un pays, et à une compétition parfaitement organisée au cours de laquelle on n'a pas eu à déplorer le moindre incident. La gaîté du public béninois, son enthousiasme et son soutien à ses équipes (d'abord loin des canons occidentaux, au point de pousser Dylan Rocher à disputer la finale du doublettes masculin avec des bouchons d'oreilles, puis plus régulé par un speaker qui lui rappelait les règles de base), les danses et les chants, les torrents de couleurs, tout à contribué à faire de cette folle semaine béninoise une série de championnats qui restera dans la légende de la pétanque internationale.



Photo : Page Facebook Anthelme Elifaz Ouroufemi

 

L'Afrique en majesté

On a dit, redit et répété que le prochain grand continent de la pétanque serait l'Asie. C'est vrai, et la moisson de médailles opérée par la Thaïlande à Cotonou le prouve. Mais ce qu'on retiendra aussi de ces Mondiaux, c'est le niveau sans cesse en progression des pays africains. Le Togo de Désiré Akollor, le Burkina de Bakayoko, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Sénégal nous ont fait découvrir des joueurs de grande classe et, bien sûr, le Bénin n'a pas été en reste. Laïma Sambo, Marcel Bio, et surtout le formidable Colonel Gbe ont surpris par leur niveau de jeu, leur préparation et leur capacité à aller chercher les finales qui avaient été promises aux Béninois. Ce n'est pas le moindre enseignement de ces Mondiaux : l'Afrique est là, avec ses traditionnels grands pays du Maghreb et ses nouvelles nations émergentes d'Afrique Noire continentale, elle est au niveau et lorsque Madagascar sortira enfin de son purgatoire, elle se montrera capable, comme le Bénin aujourd'hui, de jouer les premiers rôles.

 



Photo : Page Facebook Dylan Rocher

 

Les favoris au rendez-vous

On attendait la Thaïlande, et elle a répondu présent. Avec cinq médailles dont trois en or, les Asiatiques ont tenu leur rang et obtenu le record de victoires dans des championnats qui ne faisaient pas la part belle aux visiteurs, et ont été soumis à des conditions météorologiques parfois compliquées.

On attendait la France, qui était venue sans deux de ses poids lourds et avait alourdi le planning de Rocher et de Sarrio. Elle aussi à su tenir son rang et, loin des déconvenues de Karlslunde l'an dernier, s'est même taillée la part du lion. Au-delà des sept médailles pour sept championnats et de ses deux victoires, elle a répondu à la question qui taraude les équipes de la DTN : qu'arrivera-t-il lorsque Quintais, Suchaud et Lacroix ne seront plus là ? On l'a vu : Dylan a pris dans cette semaine béninoise la dimension d'un chef de file, Robineau a démontré qu'il avait la stature internationale, Sarrio a su cueillir, dans le chaudron bouillant de l'Esplanade de l'Amazone, le grand titre qu'il attendait depuis si longtemps, et Bonetto, loin de son jeu et de ses bases à Cotonou, saura certainement tirer les leçons de sa première immersion dans le grand bain mondial. Bandiera à démontré, si besoin était, la solidité de son jeu dans la finale du doublettes mixte et Peyré, avec deux médailles remportées, a rempli son contrat.

L'Espagne a sauvé ses Mondiaux de justesse, avec un parcours à l'arraché dans le triplette senior qui a nécessité plusieurs remontadas. Même si l'absence de Cardenas a parfois semblé peser lourd, Mata et Rodriguez ont convaincu aux côtés des indispensables Escacho et Guasch. La médaille de bronze conquise par Blazquez et Diaz permet à leur pays d'afficher, dans ces Mondiaux si difficiles pour les Européens, un bilan correct.

 



Un bilan media remarquable

On se faisait du souci, parfois, à propos de la couverture médiatique de ces Mondiaux. On avait tort. La formidable implication de l'ORTB, la télévision nationale béninoise, aux côtés de l'événement a donné à celui-ci une dimension exceptionnelle. A côté des directs Facebook proposés par les Fédérations espagnole, togolaise, allemande, thaïlandaise et, depuis jeudi, la FFPJP, les journalistes de l'ORTB ont multiplié les directs, les plateaux et les résumés pour sublimer ces Mondiaux. Qu'ils en soient remerciés, et particulièrement en Europe où nous n'avons que rarement l'occasion de contempler autant de joueurs et de joueuses africains en action.



Photo : Page Facebook de Mouna Beji

 

Un changement d'ère

Ces Mondiaux ont apporté, au-delà de la passion, de l'enthousiasme et des parties de légende propres aux grands événement internationaux, leur lot d'enseignements. Pour tous et peut-être plus particulièrement pour nous autres Français, ils ont révélé que la pétanque, qui se joue à présent dans plus de cent pays, prend à travers cette mondialisation une foule de nouveaux aspects. De la même façon qu'un jour, le football a cessé d'être simplement un jeu anglais, il existe aujourd'hui une pétanque asiatique, une pétanque africaine, une pétanque du Nord ou de l'Est de l'Europe, une pétanque américaine et bien d'autres encore. Elles ont de multiples visages, et celui de l'Afrique, que l'on a pu apprendre à connaître cette semaine à Cotonou, n'est pas le moins séduisant. Mais le plus important, c'est que dans tous ces visages, les regards brillent du même éclat, et de la même passion. Un éclat qu'aurait aimé, sans aucun doute, Jules Le Noir.


LIRE & REPLAYS

La Thaïlande au bout du suspense - Replays (Triplette)

Dylan reprend sa couronne (Tir de précision)

La France dans la douleur (Doublette messieurs)

Le Bénin l'a fait (Doublette mixte)

Beji au bout du suspense (Tête-à-tête féminin)

Khamdee sur le toit du monde (Tête-à-tête messieurs)

Mondiaux de pétanque au Bénin, du jamais vu


LE DOSSIER COMPLET FIPJP
AVEC L'ENSEMBLE
DES RESULTATS

Le Site Officiel avec suivi des résultats

mondial-petanque-benin.fipjp.com

*Merci à la FIPJP qui nous a transmis de nombreuses informations à relayer !