Mondiaux, l' Asie en force

Rédigé le 27/11/2023
Pierre Fieux

5

Il y a longtemps qu'on le sait. Depuis l'irruption de la Thaïlande sur la scène internationale dans les années 80, puis de la présence, en 2004, du Cambodge dans le dernier carré du championnat du monde, tout laissait penser qu'un jour, l'Asie deviendrait le prochain continent de la pétanque. Mais ce jour semblait loin, et si les deux tigres du Sud-Est asiatique gardaient leur place au sein de l'élite mondiale, ils semblaient néanmoins un peu seuls.

C'en est fini aujourd'hui, et l'irruption de plusieurs autres nations du continent au plus haut niveau planétaire vient de confirmer, après Cotonou et tout au long des derniers championnats du monde Jeunes et féminins qui viennent d'avoir lieu à Bangkok ces jours-ci, que l'Asie toute entière est à présent prête à jouer les premiers rôles.

 



On pensait que la Thaïlande, pays hôte de la compétition, et la France, tenante du titre chez les jeunes, allaient se tailler la part du lion. Avec deux titres et cinq médailles, la première a largement rempli son contrat et les Tricolores, qui ramènent trois médailles au pays et ont placé leurs deux équipes jeunes en demi-finale, n'ont pas démérité. Mais la surprise est venue d'ailleurs : le Vietnam signe deux résultats historiques, avec un premier titre mondial acquis chez les femmes et une finale au tir de précision, et Myanmar (anciennement la Birmanie) monte elle aussi sur la plus haute marche du podium en tir de précison féminin avec la remarquable performance de sa joueuse Kin Cherry Thet. Ce podium a lui-même créé l'une des images fortes de ces Mondiaux, en réunissant quatre joueuses venues du Laos, de Thaïlande, du Vietnam et de Myanmar.



 

Mais cet arbre, si l'on y regarde de plus près, cache aussi une forêt de désillusions pour les équipes européennes et africaines : chez les femmes, les victoires des Taiwanaises 13-4 contre la Tunisie de Mouna Beji, puis 13-6 face à l'Espagne de Blaquez, Diaz, Mattaranz et Lopez avant de s'incliner à 11 devant les Thaïlandaises a aussi été un des grands moments de la compétition, de même que la défaite de Cindy Peyrot face à la Laotienne Thepphakan Bovilak en quart de finale du tir de précision. Ce stade de la compétition, qui a vu également Beji chuter devant la future championne Cherry Thet, l'Espagnole Sara Diaz s'incliner contre la Vietnamienne Thach Thi Anh Lan, et l'Allemande Kerstin laisser la place à la Thaïlandaise Choochuay, a consacré la montée en puissance de la pétanque asiatique.



Cette nouvelle configuration mondiale est maintenant en place, avec des championnats d'Asie qui promettent d'être de plus en plus disputés et un continent qui ne comptera plus seulement, dans les années qui viennent, sur la Thaïlande et le Cambodge pour truster les podiums.

Une mauvaise nouvelle pour l'historique pétanque européenne et maghrébine mais, peut-être, une bonne nouvelle pour notre discipline en général. L'arrivée de plus en plus de nations à haut niveau rendra certainement chacune des prochaines échéances mondiales encore plus passionnantes, et les prochaines victoires françaises n'en auront, lorsqu'elles surviendront, que plus de saveur. Reste à présent à la pétanque mondiale de gagner son autre challenge : constituer, dans chacun des pays organisateurs, un public et un engouement à la mesure de ses différents événements.

 

Rédigé par Pierre FIEUX

*Un merci particulier à Karel DOHNAL, Claude STIRMEL et Stéphane PINTUS membres de la FIPJP pour les informations transmises

 

O°O