Championnats, quantité ou qualité ?

Publié le 03/04/2023 à 08:00

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Après les nationaux d'hiver et l'épilogue de la Coupe de France des clubs, le circuit hexagonal s'est à présent mis en pause, puisqu'on est entré depuis quelques semaines dans le temps dévolu aux championnats départementaux. Une parenthèse assez longue, puisqu'il s'agit de rien moins que d'un processus de qualification qui, avec les championnats régionaux,  s'étale à présent sur plus de deux mois.

Cet ensemble d'épreuves successives constitue généralement, pour la plupart des joueurs et joueuses de bon niveau, l'espoir de concrétiser un rêve : participer à un championnat de France.

Un rêve de plus en plus accessible, puisqu'avec la création cette année du championnat en triplettes mixte, le nombre de maillots tricolores distribués va encore augmenter : cinquante-six en tout, pour dix-huit compétitions, en comptant les championnats nationaux des clubs, qui vont réunir plus de deux mille joueurs et joueuses.



De quoi faire des heureux, certes, mais aussi de quoi se poser quelques questions : cette multiplication exponentielle des titres nationaux, comme c'est le cas pour le pastis lorsqu'on y met trop d'eau, ne risque-t-elle pas de leur donner moins de saveur ?  Et d'un point de vue strictement médiatique, quelle est la visibilité d'un championnat de France lorsqu'il est dupliqué à dix-huit exemplaires dans une seule saison ?



D'autant que cette année, une autre nouveauté n'en finit plus de faire couler de l'encre. La décision, dont on imagine qu'elle a été prise pour des motifs strictement budgétaires, de faire passer le championnat de France triplettes seniors à 128 équipes va complètement changer la donne de cette épreuve. Ce qu'on avait coutume, avec un format à 256 et la plupart des grandes formations au départ, de considérer comme le championnat-roi va non seulement réduire sa dimension mais aussi, sans aucun doute, baisser considérablement de niveau.



En effet, alors qu'on assiste depuis un certain nombre d'années au regroupement des meilleurs joueurs nationaux au sein d'une vingtaine de grands clubs, il est à peu près certain qu'au cours des championnats départementaux, la plupart de ces joueurs vont mordre la poussière : pour l'immense majorité des départements, une seule place sera en jeu et dans certains cas, ce sont dix ou vingt équipes de niveau national qui vont se la disputer. Bien sûr, les championnats régionaux en repêcheront certaines, mais il est clair que lorsqu'on consultera en juin le listing des qualifiés pour Perpignan, on sera loin de la piste aux étoiles à laquelle le France triplettes nous avait habitués depuis soixante-quinze ans.



Tant mieux, certainement, pour beaucoup d'équipes qui feront face à une épreuve plus ouverte, et tant pis pour certains talents de la pétanque hexagonale  qui remettront à l'an prochain leurs rêves bleu-blanc-rouge.

Il n'en reste pas moins que pour nous autres observateurs du circuit, les choix de la pétanque fédérale se révèlent, année après année, de plus en plus ardus à déchiffrer. Et notamment celui qui résume la quadrature du cercle à laquelle sont confrontés en permanence nos dirigeants : la qualité, ou la quantité ?