Après sa somptueuse victoire dans le National tête-à-tête de vendredi, on attendait Michel Loy, encore plus que les autres, sur la plus haute marche du National doublettes de Châteauneuf sur Loire. Aux côtés de Yohan Cousin et revêtus de leur maillot tricolore, les deux hommes faisaient figure de grandissimes favoris, d’autant que Cousin s’était brillamment adjugé, hier soir, la victoire lors du concours de tir de précision.
Mais Châteauneuf avait décidé, cette année, d’être impitoyable avec ses favoris. C’est ainsi qu’hier on avait vu chuter Andriantseheno, Diot, Poiret, Dasnias et bien d’autres, avant que la matinée d’aujourd’hui ne soit fatale à Choupay et à Lucien. Devant un tel écrémage et un dernier carré où ne figuraient pas d’autres têtes couronnées, beaucoup pensaient que le titre ne pouvait pas échapper aux champions de France.
La demi-finale face à Amirault et Metais, rondement menée, confirmait cette impression. Dans le carré voisin, l’autre partie se révélait longue et laborieuse pour les Loirétains Le Meur et Champagnol, qui ne parvenaient à se défaire sur le fil des Seine-et-Marnais Bordereau et Jaime que grâce à un appoint millimétré de Champagnol.
Les grands favoris contre des spécialistes du jeu provençal qui avaient surtout brillé au point, c’était un peu David contre Goliath. Mais les sociétaires de Fleury-les-Aubrais surprenaient en débutant leur finale au tir : après trois palets de Le Meur et deux somptueux carreaux de Champagnol, une mauvaise frappe de Cousin rapportait cinq points à ses adversaires. Les ennuis ne faisaient que commencer pour les champions de France, qui encaissaient deux nouveaux points sur la mène suivante. 5-0, 7-0, le score enflait ensuite jusqu’à 11-0. Le public, stupéfait, voyait les favoris prendre l’eau, malgré un Loy combatif qui frappait un but avant de prendre le tir et de sonner la charge à la mène suivante. 11-3, on se prenait à rêver, parmi les partisans des champions, d’une remontada. Mais celle-ci tournait court grâce à la ténacité de Champagnol qui, en faisant deux extraordinaires reprises à la mène suivante, contraignait Loy à faire un tir dangereux. Celui-ci s’avérait fatal, et chacun constatait que la pétanque venait de nous raconter, une nouvelle fois, une des incroyables histoires dont elle a le secret.
David avait battu Goliath, et Le Meur et Champagnol, champions de ligue de jeu provençal cette année avec le co-organisateur du national Dominique Chopard, pouvaient goûter à un plaisir rare : recevoir les trophées de l’épreuve des mains de leur partenaire.