La pétanque, qu’on joue comme on aime, offre une infinité de formules différentes où chacun, suivant ses envies et son niveau, peut trouver chaussure à son pied. Mais tout le monde sait qu’il est une spécialité à part, un domaine ou chaque joueur, ou chaque joueuse, ne peut compter que sur lui-même et sur son jeu. Le tête-à-tête, s’il réserve à ses amoureux de grands moments de solitude et leur demande encore plus de force et de talent, est aussi porteur, pour ceux qui parviennent à performer, de purs moments de bonheur.
A Nyons hier, c’est une belle histoire qui s’est écrite dans le sillage des carreaux et des beaux points de Kenzo Faralli. Le jeune sociétaire d’Eyguières, dans les Bouches-du Rhône, ne figurait pas sur la liste des favoris du plus grand tête-à-tête de l’année. Mais plus l’épreuve avançait, et plus on voyait chuter, les uns après les autres, ses joueurs les plus capés. Baudino, Dumont, Saint-Machin, Luzzi et Millo tombaient d’abord, suivis bientôt de Cardon, Sarnelli, Vaurs, Magnani, Saissi, Ramos, Vernile et Garin.
Les rescapés y voyaient donc plus clair au départ des huitièmes de finale, d’autant qu’à ce stade de la compétition, Faralli disposait du Réunionnais Nicolas Chamand et que le tenant du titre Jimmy Albaladejo chutait face au Portugais Diamantino Guerrero
La belle histoire commençait alors pour les deux hommes : Faralli continuait son parcours en battant le Drômois Gauthier et Guerrero passait sur le fil devant le jeune et prometteur Jason Chareyre. Dans le choc princimal de ces quarts de finale, l’Azuréen Kevin Meiss dominait le champion de France doublettes Dimitri Grangeon alors que dans le jeu voisin, l’Aixois Frédéric Delys passait face au Fréjusien Paradis.
Dans la première demi-finale, Guerrero impressionnait une nouvelle fois en faisant la course en tête contre Meiss puis, rejoint à 12-12, en claquant un énorme carreau pour la gagne. Faralli, qu’on donnait d’abord perdant face à un Delys solide et complet, renversait cette partie mal engagée et s’imposait.
Pourtant, on donnait quand même la faveur du pronostic, en finale, à Guerrero : sa solidité, son sens du jeu, sa capacité à accélérer au bon moment et ses deux titres de champion du Portugal avaient convaincu le public qu’on tenait là le vainqueur de l’épreuve. Mais c’était sans compter sur Faralli : en bâtissant sa partie sur un énorme jeu d’appoint et une capacité à rendre chacun de ses carreaux à son adversaire, le joueur d’Eyguières parvenait, sur le fil, à dominer un Guerrero toujours aussi solide. Une partie où le public n’aurait pas voulu voir de vainqueur, mais qui concluait pourtant, au bout d’une longue lutte, la belle histoire de Faralli.