Parfait complément de Diego Rizzi, le grand joueur italien, qui a signé en 2019 une saison superbe, nous a accordé un entretien direct et chaleureux. Cocciolo, la pente ascendante  Photo Yohan Brandt pour Quarterback Parfait complément de Diego Rizzi, le grand joueur italien vient de signer en 2019, avec un titre européen et deux victoires au Trophée l'Équipe, une saison superbe. Dans l'attente de la reprise d'une saison bouliste qui, en Italie comme en France, a été amputée par l'épidémie de COVID-19, il nous a accordé un entretien direct et chaleureux.
Alessio, tu es l'un des meilleurs joueurs italiens depuis des années, et tu as connu beaucoup de grandes parties, de grands moments à la pétanque. Quel est ton meilleur souvenir ? Le titre de champion d'Europe l'année dernière. Bien sûr. Parce qu'on avait fait plusieurs grandes finales sans gagner, et là, avec cette victoire, on était vraiment très très heureux.
Ce titre, vous l'attendiez ? Un peu, surtout après avoir perdu en finale du championnat du monde en doublettes. On avait perdu aussi la finale du championnat d'Europe en 2017. Voilà, gagner enfin, c'était un joli moment.  Photo Page Facebook Diego Rizzi
Qu'est-ce que tu as pensé lorsque vous avez fait le treizième ? Franchement, j'ai trouvé ça incroyable parce que c'était très disputé, on pouvait aussi bien perdre que gagner. Ce n'était pas une partie simple, la différence s'est faite sur une boule ou deux. C'était vraiment une grosse partie. Il m'a fallu deux ou trois heures pour réaliser qu'on était champions d'Europe. Mais c'est la manière dont nous avons gagné qui m'a fait le plus plaisir. La dernière mène, j'ai pris le tir à Diego (Rizzi, NDLR), qui voulait plutôt pointer à quatre boules contre trois. Je cadre à la première, je fais carreau à la deuxième, et à la fin, il lui reste deux boules pour en taper une. On a gagné en force, c'est beaucoup plus plaisant que de gagner sur une faiblesse de l'adversaire, ou lorsque celui-ci manque le bouchon.
Après ce titre, il y a eu le Trophée l'Équipe, que vous avez remporté en doublettes et en triplettes. Je suppose que c'est aussi un motif de fierté ? Bien sûr. On y est allés tranquilles, et on a joué à un bon niveau. Mais c'est un trophée où il y a uniquement les meilleurs joueurs, c'est comme les Masters. Alors, gagner deux fois, c'est fantastique. Presque impensable. C'était notre année. Elle est passée maintenant (rires). 
Photo Yohan Brandt pour Quarterback
On te voit venir jouer en France depuis quelques années, mais on connaît moins tes débuts, la façon dont tu es devenu l'un des meilleurs joueurs italiens. Raconte-moi comment c'est arrivé. C'est arrivé grâce à Marco Foyot. Pas à mes débuts, bien sûr. Mes débuts, ils se sont faits naturellement, parce que j'habite à cinquante mètres du boulodrome. J'ai commencé à jouer à quatre-cinq ans, et je n'ai plus arrêté. En jeunes, on m'a mis dans l'équipe nationale, mais on m'en a enlevé parce que j'avais un caractère un peu difficile. Maintenant, je me suis calmé (rires). Et quand j'ai eu dix-huit ans, j'étais à nouveau en équipe nationale, et le coach, c'était Foyot. Le championnat du monde était à Grenoble, et il a convoqué dix ou quinze joueurs pour faire une sélection. Et là, il me prend comme tireur de l'équipe, avec Gianni (Laigueglia, NDLR) et Donato (Goffredo, NDLR). Il m'a appelé pour me le dire : j'étais super-content. Pour nous, Foyot, c'était un phénomène, et le fait qu'il me fasse confiance, c'était un honneur. 
Photo Jac Verheul Depuis, tu es en équipe nationale ? Oui. J'ai manqué quelques championnats du monde pour des raisons de travail, ou de famille, mais j'en ai fait beaucoup.
C'était le cas notamment à Marseille en 2012, où vous vous inclinez en demi-finale face à la Thaïlande, après avoir mené 7-1. C'était une grosse déception ? Oui. Moi, j'étais sur le banc, et Gianni avait manqué deux fois double. Ça a été son dernier mondial en équipe d'Italie. 
Photo Jac Verheul
Il y avait une très grosse ambiance dans ce championnat du monde. Ça te plaît, ça, de jouer devant beaucoup de public, dans ces atmosphères passionnées ? Oui, c'est le plus beau. Plus il y a de monde dans les tribunes, et plus il y a de spectacle. Quand tu manques une boule, tout le monde fait : « Ooooh ! », quand tu tapes une boule, tout le monde applaudit, c'est magnifique. En Italie, la pétanque, ce n'est pas le foot, ou le tennis. Quand il y a cent personnes qui regardent, c'est le maximum. Quand on va jouer en France, qu'il y a des milliers de gens dans les gradins, pour nous, c'est formidable. Mais aux championnats du monde, ou d'Europe, c'est encore autre chose que de jouer dans les grands nationaux. Il y a plus de pression. Moi, j'ai pris l'habitude, mais je vois des copains qui jouent différemment dans un championnat international et dans un grand concours comme l'Europétanque par exemple. Il y a des joueurs qui ne font que des carreaux et qui, dans un championnat du monde, ont du mal à taper une boule à six mètres. Ce n'est pas le bras, c'est la pression qui fait ça. Vous avez la même chose chez vous. Certains joueurs français, lorsqu'on leur met le maillot de la France, ils ne jouent plus du tout comme lorsqu'ils font un national le week-end.
Tu avais fait un quart de finale au Mondial la Marseillaise en 2012. Là aussi, il y a une grosse ambiance, non ? Oui, un peu trop parfois. Moi, c'est la seule fois où j'y suis allé, et je n'ai pas eu de problème. Mais je sais qu'il y a des parties compliquées, on tombe parfois sur des adversaires difficiles. J'ai beaucoup de copains qui aimeraient y aller, mais ils y renoncent à cause de ça. Mais c'est un très beau concours. Il faudrait plus de sécurité, je pense. J'ai entendu Quintais en parler, je pense qu'il ne veut plus la faire. C'est dommage.
Lorsqu'on est un grand joueur italien, est-ce qu'on a le sentiment d'être connu, apprécié ? C'est de la compétition. Quand tu pars faire un championnat du monde, il y a 60% des gens qui espèrent que tu gagnes, et 40% qui espèrent que tu perdes pour que tu libères une place. Des joueurs qui espèrent être en équipe nationale, il y en a beaucoup ici.
L'Italie est une petite fédération, avec peu de joueurs comparativement à l'Espagne, ou à la Hollande. Beaucoup, c'est quoi ? La pétanque chez nous, c'est essentiellement la Ligurie et le Piémont. Ailleurs, c'est la Raffa et la Boule lyonnaise. Il y a trois catégories, A, B et C. En catégorie A, il doit y avoir une centaine de joueurs. Mais il y a presque la moitié d'entre eux qui ont le niveau pour être en équipe d'Italie. Bon, le niveau technique. Mais comme je te le disais tout à l'heure, ce qui fait la différence, c'est la capacité à tenir la pression. Des joueurs avec le cœur, il n'y en a pas beaucoup. Mais je crois que tous les pays ont le même problème.
Même la France ? Oui, sauf que vous, vous avez beaucoup plus de joueurs. Mais quand même, si vous enleviez les quatre, là, Lacroix, Suchaud, Quintais et Rocher, ça serait plus dur de gagner. Parce que le niveau est monté : il y a des pays dont on ne parlait jamais, Taïwan, le Vietnam ou d'autres, maintenant, si tu ne joues pas bien, tu ne les bats pas. Ils ont moins d'expérience, mais ils ont un super-niveau. Regarde bien : même avec ces joueurs-là, qui sont des monstres, la France ne gagne pas facilement. Je pense que le jour où ils vont partir, ça sera très différent. Parce que eux, même quand ils doivent perdre, mystérieusement, l'adversaire ne joue pas les bonnes boules. Comme à Desbiens au Canada, contre la Belgique, en 2018, ou il suffisait de taper une boule pour gagner. Les Belges ont manqué triple. S'ils jouent contre trois autres joueurs français, ils font carreau à la première. Pour battre l'équipe que vous avez, il faut faire non pas 100%, mais 150%. Il faut un mental terrible, on parle de quatre monstres, là. Ils sont deux marches plus haut que vos autres joueurs. Tu en enlèverais simplement deux, par exemple Suchaud et Quintais, ça deviendrait beaucoup plus difficile pour la France d'être championne du monde. En France, j'entends qu'il y a des gens qui trouvent qu'ils sont trop vieux : moi, je suis content, je me dis qu'on pourra peut-être gagner si on les écoute.
Dans ces quatre monstres, comme tu dis, il y en a un que tu mets à part ? Oui, Philippe Quintais. Ça fait trente ans que je joue à la pétanque, je l'ai toujours vu au top. Avant, il y avait Foyot, Choupay, Loy, mais ils ont un peu passé. Lui, il est toujours au même niveau. 
Photo Yohan Brandt pour Quarterback
Tu penses que vous avez une équipe qui peut être un jour championne du monde ? Avant, sincèrement, je pensais que non. Diego et moi, on avait des difficultés à trouver un ou deux autres joueurs avec qui former une équipe qui fonctionne. Mais avec ceux avec qui on a gagné le championnat d'Europe, je pense différemment. On est quatre jeunes, à trente-cinq ans, je suis le plus vieux. Diego, on le connaît, il est exceptionnel. Et Cometto, c'est un très très bon pointeur, mais c'est surtout un joueur qui résiste à la pression. Il joue toutes les boules qui comptent. J'ai joué avec d'autres très bons joueurs, Donato Goffredo, Dutto. Ils sont très bons, peut-être meilleurs que Cometto. Mais ce jeune, il a quelque chose de plus. Pendant le championnat du monde en doublettes, avec Diego, j'ai vu qu'on pouvait y arriver. Je suis passé à travers en finale, mais on a joué toute la semaine à un niveau formidable, avec des adversaires qui faisaient très peu de points à chaque fois. Alors, avec un peu de chance, peut-être que ça peut passer un jour.  Suivre Alessio sur Facebook Entretien réalisé par Pierre Fieux Lire aussi Briand, le gaucher magique Andriantseheno, le métronome de Madagascar ________________ Les trois vies de Jean-Michel Ferrand (20 mai) Loulon, grand cru de Bordeaux Lakhal, un Niçois arc-en-ciel Castellan, l'as de carreau Florence Schopp, la force tranquille Henri Lacroix, arrêt de jeu Jo Farré, une légende montpelliéraine Lozano, coeur de champion Robert Leca, le roc varois Maryan Barthelemy, mémoires d'un jeune champion Marco-Marigot, doublette du siècle Damien Hureau, un souvenir arc-en-ciel
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