Dans la carrière des plus grands champions, il y a quelques moments vraiment extraordinaires. Angy Savin nous a confié ceux qui l'ont le plus marqué.
Angy Savin, entre hier et demain
Dans la carrière des plus grands champions, il y a quelques moments vraiment extraordinaires. Angy Savin, ancien international junior systématiquement écarté, depuis plus de dix ans, du groupe France, nous a confié ceux qui l'ont le plus marqué. Le temps d'un entretien, il est revenu sur son exceptionnel passé, tout en gardant, malgré tout, un œil sur l'avenir.
Tu n'as que trente ans, mais tu joues à la pétanque depuis longtemps. Quand tu repenses à toutes ces années, quels moments te reviennent en premier ?
C'est toute une période. Les années 2013-2016. En 2013, j'ai gagné Millau. En 2015, j'ai été champion de France en doublettes avec Durk, et en 2016, j'ai gagné la finale PPF. C'était une grande époque, jusqu'à ce que j'ai ce problème de santé.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'ai eu un accident de voiture, en août 2017, et j'ai été immobilisé six mois. Je devais faire deux France, le doublettes avec Malbec et le triplettes avec lui et Tyson. On était en pleine forme, on pouvait faire quelque chose. Tyson était au top, c'était la star montante, et Malbec, c'est Malbec, on sait ce qu'il vaut. Moi, j'étais vraiment bien, on avait une belle équipe, bien équilibrée.
Tu avais le sentiment que cette équipe pouvait être encore plus forte que celle que tu avais formée précédemment avec Fournié et Sarrio ?
C'était différent. C'était une très bonne équipe aussi, attention. Mais là, avec Malbec et Tyson, il y avait une très bonne entente.
C'est vrai qu'avec Sarrio et Fournié, on gagnait beaucoup de nationaux. Mais à l'époque, je jouais dans la Drôme avec Malik Kerdjou et Guille, Fournié était encore dans le Gers et Sarrio dans le Rhône. Du coup, on n'a fait qu'une saison dans le même club, à la fin, à une période où on savait qu'on n'allait pas continuer à jouer ensemble.
Cette équipe avec Malbec et Tyson Molinas, elle s'est faite comment ?
Je venais d'arriver aux Canuts, à Lyon, et on l'a formée pour la finale PPF. J'avais déjà joué avec Kevin, mais avec Tyson, jamais. Et ça a fonctionné du premier coup.
On t'a vu, durant ces années-là, être en même temps assez rare sur le circuit national. C'est ton métier qui veut ça ?
Oui, c'est ça. En 2014, j'ai repris le commerce de mes parents et je le tiens du 15 avril au 15 septembre. Ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour jouer.
Pourtant, tu es la plupart du temps au bout des concours que tu arrives à disputer. Comment fais-tu ?
J'ai la chance de jouer avec des grands joueurs, ça aide.
Quand même, ça n'explique pas tout. Quand tu sais que tu vas faire un national, tu te prépares, tu t'entraînes avant ?
Normalement, pas trop. Je n'ai pas le temps, parce que même l'hiver, j'ai du boulot, des travaux à faire dans mon restaurant. Là, c'est exceptionnel : depuis le 15 mars, avec le confinement, j'ai pris l'habitude de jouer presque tous les jours.
Mais surtout, quand je fais un concours, maintenant, j'ai beaucoup plus envie de gagner. A l'époque où je jouais beaucoup, si je perdais, je savais que je rejouerais le lendemain ou le surlendemain. Aujourd'hui, je me dis : « Si je perds cette partie, pendant deux mois je ne vais pas rejouer ». Ça motive.

Ce qu'on se rappelle aussi, c'est que tu faisais déjà partie, très jeune, de l'élite internationale. Maintenant, quand tu repenses à tes années en catégorie junior, comment tu les vois ?
J'ai commencé jeune, c'est vrai. Quand j'ai pris ma première licence, j'avais huit ans. Et lorsqu'on m'a proposé de faire mon premier championnat d'Europe junior, j'étais encore cadet. J'y suis allé avec Jeremy Darodes, Tony Perret et Mickaël Jacquet. Et on a gagné. Ça a été dur, mais on a gagné.
Et ensuite, c'était parti. Je suis resté en Équipe de France, et on a été champions du monde au Canada en 2005, Dylan (Rocher, NDLR), Malbec, Perret et moi. Et en 2007, Malbec et Perret étaient passé seniors, et j'ai encore été champion du monde au Japon avec Dylan, Camacaris et Logan Cléré. Et ensuite, je suis passé senior. C'est un cap, ça devient très différent.

Photo Pétanque Magazine
Justement. Ce cap, tu l'as bien négocié, puisque tu t'es imposé dans les plus grandes compétitions, et néanmoins, on ne t'a plus jamais vu en Équipe de France. Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'ai fait quelques conneries, et ils m'ont puni. Bon, ils auraient pu faire autrement, mais c'est vrai que c'est moi qui ai fait le con. Remarque, même si j'avais été irréprochable, rien ne dit que j'aurais été retenu en Équipe de France. On ne le saura jamais.
Mais je vais te dire une chose : je ne regrette rien. Et puis... ce n'est pas encore fini.

Photo FFPJP
Quand même, lorsqu'on évoque le départ, un jour, des tauliers actuels de l'Équipe de France et qu'on parie sur ceux qui vont leur succéder, qu'on donne des noms, je remarque qu'on n'entend pas le tien. Tu pense que ça peut changer ?
Oui, mais peut-être pas en France...
Comment ça ?
Il y a un projet. J'ai aussi la nationalité arménienne, et on est en train de mettre en route une équipe pour les prochains championnats d'Europe. Il y aurait Hatchadourian, Hovaguimian, et peut-être Gaspard Gasparian si sa santé le lui permet. Je pense que ça tiendrait la route, même dans un championnat du monde.
On t'a vu gagner en 2013 le Mondial de Millau, avec Darodes et Malbec. Cette épreuve, quel souvenir tu en gardes aujourd'hui ?
Millau, c'était le paradis de la pétanque. On ne pouvait le comparer à aucun autre concours. On ne pouvait pas trouver mieux. Il y avait tous les meilleurs joueurs réunis là. Et même quand tu perdais, tu avais encore du plaisir à aller regarder jouer. C'était un régal.
Aujourd'hui, ça me manque. Il y avait des gens que je ne voyais que là-bas. Et l'organisation était fantastique : jamais un problème au tirage ou ailleurs, c'était énorme.

Photo Jac Verheul
On t'a vu briller dans toutes les plus grandes épreuves, sauf au Mondial la Marseillaise. C'est un concours où tu voudrais faire un résultat un jour ?
Oui, bien sûr. Je ne l'ai fait que cinq ou six fois, pas toujours très bien équipé. Et puis c'est une période ou j'ai beaucoup de travail.
Une année, je m'étais inscrit avec Foyot et Sami Attalah, le Tunisien. Mais la veille, il nous a prévenu qu'il ne pouvait pas venir, on s'est équipé sur place le dimanche et on a perdu le lundi soir.
Mais c'est vraiment un beau concours. Plus on avance, et plus les parties sont intéressantes. Quand on commence à jouer dans ces carrés fermés, je pense que des parties comme ça, on n'en fait que très peu dans sa vie.
Comment tu vois les années qui viennent ?
Ça va être compliqué. Avec ce virus, j'ai peur qu'il y ait moins de sponsors, moins de nationaux.
Je voulais dire : comment vois-tu les années qui viennent pour toi, pour ta carrière ?
Dans le même club, déjà. Le club des Canuts a toujours été au top avec moi. Même quand j'ai eu mon accident, ils ont été avec moi. Ensuite, même si je n'ai plus vraiment le niveau que j'avais avant, le club ne m'a jamais lâché. Du coup, tant qu'ils voudront de moi, je resterai chez eux. J'en profite aussi pour remercier mon nouveau sponsor, Boulenciel.
Et pour la suite de la saison, c'est simple. Je viens de rouvrir le restaurant, et je vais travailler jusqu'en octobre. Ensuite, si Nyons, Vaux-en-Velin, Nice et Monaco ont lieu, on ira y jouer. Si ce n'est pas le cas, ce sera triste pour tout le monde.
Avec tout ce que tu as gagné, il te reste un rêve ?
Celui de faire encore un beau résultat. Ca veut dire une finale de championnat de France, ou un carré au Mondial la Marseillaise. Mais surtout une finale de championnat de France : la perdre, ou la gagner, peu importe. Rien que de la jouer, c'est un plaisir inimaginable quand on aime les boules. Ce serait énorme.
Entretien réalisé par Pierre Fieux
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